En recherchant l’acte de sépulture d’un de mes nombreux ancêtres, Franciscus Lauwers (°10/9/1690), je suis tombé sur une histoire insolite. Une mort dans des circonstances mystérieuses.
Tout d’abord, je reviens à ma recherche des traces de Francis Lauwers, car c’est lui, “un homme” qui a été “retrouvé mort”.
La vie de Francis Lauwers
Pour autant que je sache, Francis Lauwers était originaire de Lippelo, province d’Anvers, aujourd’hui commune de Puurs Sint-Amands. Il s’y est marié le 21 octobre 1716 avec Petronella Pieters. Leurs dix enfants y sont nés, dont mon aïeule Anna Lauwers. Trois enfants sont morts en bas âge. Ainsi, ils ont enterré Joannes, âgé de deux ans, en 1727, Joaghim, âgé d’un an, en 1733 et Elisabetha, âgée de 12 ans, en 1748.
Le 24 janvier 1757, sa femme Petronella meurt à l’âge de 66 ans et est enterrée à Lippelo. Francis avait le même âge à l’époque. II n’y avait à peine un mois entre eux.
On ne peut que deviner comment Francis gagnait sa vie. Cela n’a pas été noté dans les actes du registre paroissial. Ce n’est qu’à partir de 1796 que les professions des personnes recensées sont notées dans les registres de l’état civil. Était-il agriculteur comme tant d’autres ou journalier, aubergiste, commerçant…? Qui sait ?
Lieu de naissance
Le fait que François ne soit pas né à Lippelo s’est rapidement avéré. En effet, il n’a pas été retrouvé dans l’index alphabétique des baptêmes et des actes de naissance de Lippelo, paroisse de Saint-Étienne (1598-1797). Cependant, il y avait beaucoup de Lauwers à Lippelo. Mais où a-t-il vu le jour ?
Une petite piste sur le site de généalogie Geneanet m’a conduit à la réponse. Selon Godelieve Van Damme-Peeters, chercheuse en généalogie, Franciscus Lauwers est né le 10 septembre 1690 à Liezele, un village voisin qui est aujourd’hui également une commune de Puurs Sint-Amands. Il était donc “d’une autre paroisse” (Notre-Dame, et non Saint-Étienne, la paroisse de Lippelo).
Son acte de naissance, que j’ai retrouvé par la suite, a confirmé mon soupçon qu’il était le fils de Henricus Lauwers et d’Anna Van den Bosch. (Anna était la marraine de sa fille Anna). Né à Liezele, comme son frère aîné Cornelius. Frère Jacobus est exceptionnellement né à Willebroek en raison de la résidence temporaire de ses parents dans cette ville. (Raison ?) Après sa naissance, ses parents ont dû déménager à Lippelo (encore une fois la question : pourquoi ? Nous ne pouvons que répondre nous-mêmes.) étant donné que tous ses frères et sœurs plus jeunes sont nés à Lippelo. Il a passé la majeure partie de sa vie à Lippelo.
Le mystère de sa mort
En consultant l’index alphabétique des actes de sépulture et de décès de Lippelo, paroisse de St-Etienne (1661-1797), j’ai trouvé sa date de décès : 25/6/1771. En recherchant l’acte d’enterrement dans le registre paroissial de St-Etienne, Lippelo, j’ai lu ce qui suit (en latin) parmi les actes d’enterrement de l’année 1771 :
Die 25 junii morte subitanea discessit circa urbem mechliniensem Franciscus Lauwers viduus Petronilla Peeters et in parochia Sancti Rumoldi sepultus est.
Traduit librement, ce texte se lit comme suit :
Le 25 juin, Franciscus Lauwers est mort soudainement près de la ville de Malines. Il a été enterré dans la paroisse de St Rombouts.
Hein ? Spécial. Il s’agit d’un de ces actes qui soulèvent de nombreuses questions. D’une manière soudaine. Était-il malade ? La malnutrition vous fait-elle peur ? Épuisé par le voyage ? Attaqué ? Près de Malines, sans mention précise. Que faisait-il là, à une vingtaine de kilomètres de sa ville natale ? Une grande distance pour les membres de sa famille qui ne sortaient pratiquement jamais de la paroisse. Au moment de son décès, il était âgé de 80 ans. Un âge “chanceux” à l’époque. Par conséquent, j’ai du mal à imaginer qu’il était là à titre professionnel.
C’est l’un de ces actes qui soulève de nombreuses questions
J’ai cherché dans les registres d’enterrement de St Rombouts pour voir si j’y trouvais une trace. Ce n’est pas vrai ! J’y ai trouvé l’acte suivant :
Arm lijck 27 junij 1771 (Cadavre pauvre 27 juin 1771)
un homme retrouvé mort près de Walem
En français contemporain (traduit), cela devient :
Cadavre pauvre 27 juin 1771
un homme retrouvé mort près de Walem
Il ne peut s’agir d’une coïncidence, me semble-t-il. Il doit s’agir de Franciscus Lauwers. Les deux actes de Lippelo et de Malines correspondent.
Triste et déchirant
Cet acte me frappe. Il ne dit pas grand-chose. Mais, ce qu’il dit raconte un drame déchirant.
‘Arm lijck’. (Cadavre d’un homme pauvre) J’ai remarqué que le curé de St Rombouts fait une distinction entre les différents défunts. Ainsi, outre la catégorie “arm lijck” (cadavre d’un homme pauvre), nous lisons “kerck lijck” (cadevre d’un paroissien, “kint” (enfant), “clijn lijck” (petit cadavre), “arm kint” (enfant pauvre), “middel” (moyen), “choor kint” (enfant de chœur), entre autres.
‘Un homme’. Tellement anonyme et solitaire. Le curé de Malines ne connaissait pas son nom.
‘Trouvé mort’. Il semble être mort sans que personne le regardait. Ou seul, sans personne autour. Un pauvre veuf de 80 ans au bord de la route. Imaginez un peu. Il est resté là jusqu’à ce qu’une bonne âme le trouve et amène son corps à la paroisse St Rombouts de Malines.
De la disparition au décès
La nouvelle de sa mort à Walem a dû parvenir à Lippelo à ce moment-là. Quelqu’un l’a (re)connu et Fransiscus Lauwers est toujours identifié comme son plus proche parent à Lippelo. Pour eux, il n’était plus porté disparu. Le curé de St-Etienne pourrait préparer le certificat d’enterrement et les enfants pourraient porter le deuil. Amen.
Laisser un commentaire